Madame la Maire,

Mes chers collègues,

S’il est un sujet qui doit nous rassembler dans cette assemblée, c’est bien celui de la jeunesse. La jeunesse a payé un lourd tribut pendant cette période Covid la contraignant à mettre un terme à toute relation sociale, plongeant une partie de nos jeunes dans l’angoisse matérielle et psychologique, mettant un coup d’arrêt net à tous leurs projets. Tout ce qui fait le charme et le sel de la jeunesse s’est éteint subitement.

Et pourtant, notre jeunesse fait preuve d’une grande résilience et nous impressionne dans sa capacité à inventer un avenir différent.

Il nous appartient néanmoins de les accompagner dans cette renaissance et nous accueillons favorablement ce thème choisi par le groupe communiste.

Mais si le constat nous réunit aujourd’hui, les réponses apportées nous séparent. En effet, la jeunesse d’aujourd’hui ne demande pas le tout gratuit ou le tout assisté.

Au contraire, ils sont rentrés dans un esprit d’initiative, d’accompagnement de leurs projets, de leur envie à s’en sortir grâce à leur inventivité et leur énergie.

En réalité, vous calquez de vieilles méthodes du début du 20ème siècle sur des demandes de jeunes du 21ème siècle.

Oui, l’emploi doit être une priorité absolue pour notre jeunesse. Mais ce n’est pas à la Ville de Paris d’être un employeur à grande échelle comme vous le reprenez dans votre délibération.

D’ailleurs, du conseil citoyen du 26 mai dernier devant lequel vous avez présentiez vos propositions, demande une coopération de la Ville de Paris avec les entreprises pour garantir l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi.

Là est la véritable solution. Surtout lorsque l’on sait que le nombre de demandeurs d’emplois de moins de 25 ans a augmenté de 19,4 % en Ile-de-France entre fin 2019 et 2020.

Idem pour les stages d’étudiants ou de collégiens ou encore des trop nombreux apprentis qui ne trouvent pas de stage pendant cette période.

Notre collectivité doit être un facilitateur de mise en relation entre les jeunes et les 800 000 entreprises à Paris.

À l’heure où la ville de Paris emploie plus de 52 000 fonctionnaires, il est temps de donner un autre signal à nos jeunes générations.

De plus, il aurait été honnête de citer les autres mesures d’aides. Je pense notamment à la mesure gouvernementale « un jeune une solution » ou encore le Plan Régionale d’Insertion pour la Jeunesse mis en place en 2018 ou bien encore le Revenu Jeune Actif de la région Ile-de-France qui incite les jeunes à se diriger vers des formations de métiers en tension.

Là encore le conseil citoyen plein de bon sens, demandait la création d’un dispositif numérique qui recense toutes les aides nationales et territoriales existantes et une carte interactive des projets en cours à Paris qui s’adresse aux jeunes.

Mais cette proposition n’a pas été retenue et c’est dommage.

De même, la gratuité des transports pour tous les moins de 25 ans est à notre sens une fausse bonne idée.

D’abord, parce que ces mesures existent déjà avec le remboursement de la carte Imagine R Junior pour tous les jeunes de moins de 18 ans, les lycéens et les jeunes apprentis, la gratuité de l’abonnement Velib mécanique pour les 14-18 ans et la gratuité des transports en commun pour les jeunes Parisiens de moins 20 ans en situation de handicap.

Ensuite, parce que la gratuité n’existe pas. Il y aura nécessairement un report du manque de recettes vers d’autres acteurs.

Vers qui ? Les voyageurs ? Les entreprises ? La collectivité ?

La gratuité des transports mettrait nécessairement en péril les investissements dans la modernité des rames et leur entretien.

Les jeunes Parisiens qui empruntent régulièrement les transports en commun demandent des rames modernes, propres et sécurisées lorsqu’ils ou elles rentrent tard le soir.

Enfin, je souhaiterais insister sur la santé mentale des jeunes.

Troubles anxieux et dépressifs, troubles du sommeil, la santé mentale a été durement éprouvée et doit être effectivement une priorité. Car si 2020 a été dure pour le moral de nos jeunes, 2021 est tout aussi difficile pour eux.

Vous faites bien de reprendre l’idée de la création d’un centre de santé mentale pour les jeunes à Paris et de rappeler à votre majorité que cette proposition du conseil parisien de la jeunesse avait été votée à l’unanimité au conseil de février 2020 et qu’il n’a toujours pas vue jour.

C’est assez scandaleux de voir de la part de la Mairie de Paris le peu de considération accordée à la détresse des jeunes. Là encore, heureusement que d’autres collectivités, dont la Région Ile-de-France, étaient au rendez-vous en créant une plateforme d’écoute gratuite pour les jeunes en détresse mentale.

Nous comptons donc sur votre action pour que l’exécutif parisien prenne la souffrance des jeunes enfin à sa juste valeur.

Durant cette période dont nous sortons tous un peu cabossés, la jeunesse nous a adressé un message d’espoir. En se réinventant, en trouvant un sens nouveau à la société, ils sont restés fraternels et généreux.

Alors soyons ambitieux pour notre jeunesse pour l’emmener vers des lendemains audacieux, inventifs et innovants.

Votre délibération ne va pas jusqu’au bout de cette ambition. Dommage.

C’est pourquoi nous nous abstiendrons.

Je vous remercie