Madame la Maire, Monsieur le Préfet de Police,

Depuis plusieurs semaines, la colère des Parisiens gronde sur l’état dégradé de leur ville. Peu à peu, l’élégance et l’esthétisme qui caractérisaient Paris dans le monde entier laissent la place à un désordre, un laisser-aller organisé, un manque de goût des mobiliers urbains choisis et une disparition en règle d’une grande partie du petit patrimoine parisien.

Or, ce petit patrimoine parisien qui remonte à Napoléon III, les fontaines Wallace, les colonnes Morris, les bancs Davioud ou plus tard les entrées de métro Guimard, sont autant de repères rassurants dans notre quotidien parisien et nos quartiers.

C’est l’unité architecturale d’Haussmann, alliée à l’unité d’un mobilier parisien imaginée par Davioud et Alphand, qui donne ce caractère unique à notre ville.

Aucune ville au monde n’a un mobilier urbain aussi beau que celui de Paris.

L’épisode de la restitution du banc Davioud à l’Hôtel de Ville, acheté aux enchères par un collectif des amoureux de Paris, symbolise l’attachement des Parisiennes et des Parisiens à leur patrimoine. Ce banc Davioud appartient à notre passé, à notre présent et notre futur. Il représente aussi un cri d’alarme pour dire stop au nouveau visage que vous voulez imposer à notre ville, car quoi que vous en disiez, des centaines de bancs Davioud ont disparu du paysage parisien.

Les Parisiens sont excédés de voir leur quotidien se dégrader : en témoigne le grand élan #saccage Paris qui recueille des milliers de photos d’une ville non tenue et enlaidie par des choix d’aménagements urbains plus que regrettables.

Car, au-delà d’un concept qui peut paraître subjectif, l’esthétisme d’une ville participe au bien-être de ses habitants, à un apaisement pour un meilleur vivre-ensemble.

Or, quand nous voyons une ville qui n’est pas entretenue, où poussent des plots en plastique jaune dans tout Paris et notamment dans la rue de Rivoli, cette artère parisienne symbole de l’architecture néoclassique parisienne, des bancs-poutre laids, des pieds d’arbres où poussent des herbes folles, des kiosques à journaux qui sont devenus des boites sans aucun charme, des parkings à vélos qui relèvent plus du registre des cages à vélos, les Parisiens se sentent agressés par cet environnement qui n’appelle ni bien-être, ni enchantement.

L’esthétique des espaces publics n’est pas un gros mot, il n’est pas une valeur de droite ou de gauche, de conservateur ou de progressiste.

Nous ne sommes que des passeurs d’histoire. La ville de Paris ne nous appartient pas. La mission d’un ou d’une maire est d’embellir sa ville et de la faire évoluer avec toutes les contraintes que nous imposent la modernité de nos vies.

Quelle trace architecturale et esthétique retiendrons-nous de votre passage à la tête d’une des plus belles villes du monde ?

Le patrimoine historique inestimable de Paris, envié mondialement, n’est pas synonyme d’immobilisme. De nombreuses villes nous démontrent que le mobilier urbain moderne est l’allié de l’ancien, qu’ils se complètent dans une harmonie créatrice et non pas destructrice trop souvent comme à Paris.

N’opposons pas le passé et l’avenir.

Aussi, Madame la Maire, notre groupe aimerait savoir quelles sont vos priorités pour que Paris retrouve sa fierté de ville belle, attrayante et respectueuse de son patrimoine historique unique au monde ?

 

Réponse à Emmanuel Grégoire

Merci Madame la Maire.

En écoutant Monsieur Grégoire, je n’ai pas l’impression que nous vivons dans la même ville et ce que je crains, c’est que les aménagements d’urgence deviennent définitifs et ils le deviennent trop souvent avec vous. Donc ces plots jaunes vont rester malheureusement.

Alors, si vous le permettez, j’ai une question à vous poser : savez-vous pourquoi les bancs davioud sont peints en vert ?

Ils sont peints en vert parce que Napoléon III voulait remettre de la nature dans la ville.

Savez-vous que 42 mètres précisément séparaient chaque kiosque à journaux sur les boulevards ?

Pourquoi je vous donne ces deux exemples. Parce que c’est cette exigence qui fait cette unité et cet esthétisme parisien. Paris doit retrouver cette exigence et cet esthétisme dont nous sommes les héritiers. C’est une ambition, une excellence, un bon goût à la Française qui ont forgé Paris et qui manque cruellement dans notre ville aujourd’hui.

Vous accusez les Parisiens de ne pas être suffisamment respectueux de leur environnement, mais ce respect commence par l’exemple que donne la Ville. Et lorsqu’on flâne dans Paris aujourd’hui le constat est navrant.

Serge Gainsbourg a dit « la laideur est supérieure à la beauté, car elle dure plus longtemps ». Paris, aujourd’hui lui donne raison.

Je vous remercie.