Merci Madame la Maire, mes chers collègues,

Une question aussi majeure que celle du logement méritait bien un débat dans notre assemblée. Mais je dois avouer, à la lecture de la communication, un certain malaise. Sur ce sujet, ô combien complexe, je ne le nie pas, et douloureux pour beaucoup, je ne crois pas qu’on puisse faire preuve de l’autosatisfaction qui est celle de cette communication à l’écrit, et que vous avez pondéré à l’oral Madame la Maire.

Parce que le logement reste un combat pour les Parisiens, pour se loger dans la capitale et pour y rester. Mais, aussi, car il est grippé à tous les étages. 

Qu’il s’agisse :

  • De l’hébergement d’urgence ;
  • Du parc social, avec un taux de rotation qui n’a jamais été aussi faible;
  • Mais également, des prix du parc locatif privé inatteignables pour beaucoup ;
  • Sans parler de l’accession sociale à la propriété quasiment inexistante.

Alors, si certains niveaux ont été desserrés ces derniers mois, cela n’a que peu à voir avec la politique de la Ville.

  • D’abord, Paris s’est vidé de ses touristes, parfois de ses étudiants et ce manque d’attractivité a remis sur le marché un certain nombre de biens à la location, et quelque peu détendu le marché locatif.
  • Et puis, un desserrement a été également permis grâce à l’annonce du gouvernement de la pérennisation des 200 000 places d’hébergement d’urgence sur l’ensemble du territoire jusqu’en mars 2022.

Et puis, deux choses nous paraissent manquer dans cette communication. D’abord, à aucun moment, cette communication ne se projette dans l’ère post-Covid, avec toutes les implications qu’elle porte pour le logement :

  • la recherche d’espace dans les logements parisiens exigus pour y installer un bureau,
  • la transformation massive de bureaux en logements alors que le parc d’entreprises va être significativement bouleversé dans les mois et les années qui viennent.
  • Et puis, autre chose qui manque, même si on joue toujours sur les mots : on ne crée pas suffisamment de logement et on n’en tire pas les conséquences.

Si l’on ne construit pas suffisamment, c’est bien évidemment parce que le foncier est rare à Paris, mais aussi parce que les constructions d’hier ne sont pas celles auxquelles aspirent les Parisiens aujourd’hui. On a besoin d’espace de respiration et non de sur-densification.

Nous avons ces débats à chaque Conseil lorsqu’il s’agit d’étudier un nouveau projet. Il conviendrait que cette question soit à l’ordre du jour de nos débats.

Notre objectif reste le même : permettre aux Parisiens de retrouver un parcours résidentiel. Et là, nous différons sur l’objectif que vous avez réintroduit dans votre communication : celle de rechercher 30 % de logement social à l’horizon 2030.

Vous indiquez aujourd’hui que 24% de logements sociaux sont financés. Ce qui permettra de respecter la loi SRU (Solidarité et au Renouvellement Urbain) d’ici à 2025, ce dont, naturellement, nous nous réjouissons. Dire que l’objectif est atteint ne signifie absolument pas qu’il faille s’arrêter d’agir pour le logement car il y a encore beaucoup à faire :

  • Mobiliser davantage les logements vacants disponibles.
  • Rassurer les propriétaires en valorisant davantage le dispositif « Louer solidaire » et en identifiant les opportunités liées au parc de bureaux ;
  • Promouvoir une véritable mixité sociale, est-ouest, centre-périphérie, au sein des quartiers, et pas simplement des arrondissements ;
  • Limiter le nombre de logements sociaux par quartier, en dessous de 35% ;
  • Abonder l’Office du foncier solidaire, aujourd’hui très faiblement doté, grâce aux logements sociaux situés dans des quartiers « surdotés » pour favoriser l’accession sociale à la propriété ;
  • Favoriser le logement pour toutes celles et ceux qui œuvrent pour notre ville. Vous l’avez dit, Madame la Maire, ce matin, il est encore temps de mettre en œuvre la proposition, que nous avions fait voter à l’unanimité lors de la précédente mandature, de logements tremplins pour les professionnels de santé ;
  • Poursuivre la lutte contre l’habitat insalubre, qui est un vrai motif de satisfaction, mais qui n’est malheureusement pas achevée ;
  • Accélérer la rénovation du parc de logement social ;
  • Fixer des objectifs volontaristes aux bailleurs, notamment pour les mutations qui demeurent encore trop marginales ;
  • Favoriser la rotation dans le parc social en permettant de véritables parcours locatifs.

Bref, activer tous les leviers, ce qui permettra d’atteindre réellement les objectifs :

  • De permettre à ceux qui soignent Paris d’y vivre ;
  • D’autoriser un réel parcours résidentiel ;
  • Et d’assurer une véritable mixité sociale, sur tout le territoire parisien.

Je vous remercie.