Madame la Maire, mes chers collègues,
Après des mois de blocus, l’Azerbaïdjan a lancé le 19 septembre une opération militaire éclair au Nagorny Karabakh. Au moins 200 personnes ont trouvé la mort dans cette opération qui a permis à Bakou de reprendre la main sur cette enclave disputée depuis des décennies.
Un décret publié le 28 septembre, et signé par le président de l’enclave, a annoncé la dissolution de toutes les institutions démocratiques et organisations étatiques mettant fin à la République du Haut-Karabagh.
Depuis lors, l’enclave est presque désertée par ses habitants, près de 100 000 ayant pris la route de l’exil vers l’Arménie, sans aucun espoir de retour. Cette guerre éclair vient à la suite de mois de surenchère pour mettre la main sur cette enclave à travers un blocus de Latchine depuis décembre 2022 et ce qui s’apparente à des crimes de guerre et qu’il faudra traduire devant la justice pénale internationale. Car selon la convention de 1948, affamer un peuple relève bien de la qualification de processus génocidaires.
La ministre de l’Europe et des affaires étrangères Catherine Colonna est aujourd’hui en Arménie. Sa visite rappelle la constance du soutien de la France, tant sur le plan diplomatique qu’humanitaire. Mais la France a été bien seule en Europe pour défendre la province pendant des mois.
C’est désormais l’intégrité et la souveraineté de l’Arménie qui se joue. Après des mois de passivité, la communauté internationale, le conseil de sécurité de l’ONU comme l’Union européenne, doivent enfin être à la hauteur de la situation et regagner leur crédibilité. La défaillance coupable de la communauté internationale face à l’Azerbaïdjan, soutenu par la Russie et la Turquie qui dessine un nouvel ordre mondial doit cesser.
La communauté internationale doit également soutenir l’Arménie sur le plan des réfugiés. Leur afflux, 100 000 sur 120 000 habitants au Haut-Karabagh, fait peser un risque majeur de déstabilisation et de crise humanitaire en Arménie.
Les défis sont désormais immenses ; les loger, les intégrer, il nous faudra les soutenir.
Et ne nous y trompons pas. Comme les Ukrainiens, les Arméniens se battent pour leurs libertés et à travers les leurs, la nôtre. C’est bien leur volonté d’émancipation, leur attachement à une certaine idée européenne qui a engendré la vindicte de l’Azerbaïdjan et son allié russe.
Pour reprendre les mots de l’historien Vincent Duclert « ce qui se joue dans ces confins lointains du Caucase est ni plus ni moins que le sort d’une certaine idée de l’humanité à laquelle les Arméniens ont lié leur nom parce que leur histoire révèle ce qu’un peuple peut subir de violence jusqu’au bout de la nuit »
L’étroitesse et la longévité des liens étroits entre la France et l’Arménie nous engagent. Nous sommes, et resterons aux côtés des Arméniens.
Je vous remercie.