Intervention de Maud Gatel relative au budget supplémentaire 2020.

Madame la maire, mes chers collègues,

Ce budget supplémentaire intervient à un moment charnière : au sortir d’une crise sanitaire sans précédent et à la veille d’une crise économique et sociale majeure.

Je veux d’abord avoir une pensée pour tous les Parisiens qui ont subi cette période si difficile avec courage et responsabilité. Particulièrement à tous ceux qui ont du faire le deuil de proches dans une période ne permettant pas de le faire. Mais aussi aux agents de la ville qui ont permis, malgré tout, à la capitale de continuer à vivre.

Nous vivons collectivement la plus grande crise sanitaire jamais affrontée et la gestion d’une telle situation impose la responsabilité des décideurs publics. Elle n’empêche pas les critiques, nous vous en avons déjà fait part. La concorde républicaine sur la gestion de la crise doit laisser place à l’examen critique de vos choix financiers.

Au cours des derniers mois, la Ville a subi, et le budget supplémentaire que vous nous présentez, en présente les stigmates :

  • Baisse des recettes, de tous ordres, du stationnement aux équipements municipaux ;  
  • Hausse des dépenses pour prendre en charge certains effets de la crise.

Mais le BS :

  • Il est aussi, et avant, tout l’illustration de la fragilité des finances de la ville que vous dégradez sans interruption depuis 20 ans ;
  • Il est aussi malheureusement le reflet de l’incapacité de la ville de prendre la mesure du soutien nécessaire face à la crise économique sociale qui vient.

A cause cette longue impéritie, nos finances, le budget des Parisiens, n’est pas prêt pour supporter ces crises lourdes et polymorphes. Les raisons en sont connues :  

  • L’incapacité au cours de la mandature à faire les réformes nécessaires de structure, notamment en raison de la spéculo dépendance de la ville ;
  • Des promesses de campagne qu’il s’agit aujourd’hui de financer, notamment l’extension de la prise en charge par la collectivité des transports des plus jeunes…
  • La confiscation des recettes futures à travers un nouvel appel aux loyers capitalisés.

Heureusement, si l’on peut dire, le retard pris dans le PIM permet de limiter la casse. Une difficulté, récurrente, à consommer les crédits comme le démontre le montant du reste à réaliser.

Dès lors dire que l’augmentation des taxes est inéluctable en raison des effets de la crise est erroné. Voire mensonger.

Cela fait 2 ans que nous alertons des dangers et du caractère insoutenable de l’augmentation à venir des montants de remboursement de la dette mais aussi des intérêts qui lui sont liés. Des dangers s’accompagnant de la nécessité de nouvelles recettes.

Et en la matière, nous ne connaissons que trop bien la propension de la ville de Paris à créer ou alourdir les taxes, entre l’augmentation des tarifs de cantine, des centres d’animation, la taxe de séjour ou encore la taxe sur les résidences secondaires.

Si nous appelons à la sobriété budgétaire, c’est avant tout pour dégager les marges de manœuvres nécessaires lorsque l’on en a le plus besoin. Et c’est évidemment le cas aujourd’hui

Bien sûr les annonces d’exonérations de loyers, taxes et redevances sont indispensables. Mais l’urgence de la situation exige d’aller beaucoup plus loin. C’est d’une impulsion sans commune mesure dont tout le tissu économique parisien a besoin. Un véritable plan Marshall municipal. Avec des mesures d’urgence et une planification à moyen et long terme pour renouer avec la croissance et l’emploi.
Réunissez également à la rentrée une grande conférence de l’attractivité économique pour accompagner les entreprises, les faire revenir dans la capitale et soutenir leur reprise dont nous avons tant besoin.

Ce n’est pas la crise sanitaire qui est à l’origine de la dégradation des comptes.
Mais c’est bien la dégradation des comptes de la ville qui engendre l’incapacité d’apporter une réponse à la hauteur de la crise économique, sociale et environnementale qui est devant nous.

Je vous remercie.