Madame la Maire, Monsieur le Préfet, mes chers collègues,
La fin d’une exception parisienne, à travers la mise en place d’une police municipale, est un combat historique du centre.
Je suis sûre que j’arriverai à mettre tout le monde d’accord en disant que nous avons été les premiers dans cette assemblée à demander la mise en place d’une police municipale. Dès lors, le débat que nous avons aujourd’hui revêt pour nous une importance majeure. Grâce à l’alignement des planètes, le vote par le Parlement de la loi sécurité globale et notamment son article 4, et votre changement de pied sur le sujet, nous sommes en passe de pouvoir rendre à Paris, et aux Parisiens, un droit, celui de bénéficier d’une police municipale.
Alors certes, et je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit à maintes reprises, votre conversion plus que tardive a fait perdre beaucoup de temps à nos concitoyens. Mais laissons le passé derrière nous et projetons-nous dans l’avenir.
Pourquoi avons-nous besoin d’une police municipale ?
Parce que nous avons besoin de donner les moyens à nos agents ASP et ISVP et demain aux nouveaux membres de la police municipale, de contribuer à la tranquillité publique et de lutter contre les incivilités afin d’améliorer, tout simplement, le quotidien des Parisiens. Donner les moyens, tant en matière de formation que de leviers et notamment la verbalisation permise par l’assermentation.
Derrière un principe que nous soutenons, nous voulons insister sur les conditions de réussite de la mise en place de cette police municipale :
- D’abord, une formation d’excellence: à de nouvelles missions doivent correspondre des formations exigeantes pour faire de la police municipale parisienne une police exemplaire et efficace ;
- Une articulation étroite avec la police nationale,et je me réjouis que les travaux préparatoires avec la Préfecture de Police soient prometteurs. Car ne nous trompons pas sur ce que doit être cette police municipale. Elle ne se substitue en rien à la police nationale, vous l’avez rappelé Madame la Maire, et doit être encore moins en concurrence avec elle ; mais elle doit être un soutien afin que la police nationale se concentre sur ses missions régaliennes de maintien de l’ordre, de lutte contre les trafics et de terrorisme ;
- Une organisation revue, tant d’un point de vue territorial en menant un travail partenarial avec l’échelon d’arrondissement que pour s’adapter, en termes d’horaires notamment, aux besoins de Paris ;
- Un accent mis sur la fidélisationet c’est un aspect pour nous particulièrement important. C’est la raison pour laquelle nous déposons le vœu 71 afin que les agents de la police municipale puissent bénéficier d’un accès au parc social de la ville. La concurrence entre polices municipales est une réalité et nous devons, afin de fidéliser nos agents, leur permettre d’habiter à Paris s’ils le souhaitent. Leur permettre de vivre à Paris est aussi une condition de la proximité nécessaire aux meilleurs services rendus aux Parisiens.
- Une police de proximité exemplaire: cette police est au service des Parisiens. Une police qui assure la tranquillité publique et rassure nos concitoyens. L’équipement de caméra piéton va pour nous dans le bon sens, contribuant à la confiance dans l’institution. Et l’organisation du Comité d’éthique indépendant devra également y contribuer.
- Enfin, l’agilité: la formation des 3 200 agents actuels et le recrutement de nouveaux membres de la police municipale vont prendre du temps. Cela doit nous inciter à faire preuve d’adaptabilité à travers un suivi régulier du déploiement de la police municipale, l’évaluation des missions des agents, l’adéquation avec les besoins des Parisiens, et dès lors l’équipement de nos agents. Prévoyons d’ores et déjà des clauses de revoyure pour se laisser la possibilité de faire évoluer les modalités de la police municipale. Nous ne considérons pas que tous les agents de la police municipale doivent nécessairement être armés. Parce que toutes leurs missions ne le nécessitent pas. Mais cela ne signifie pas que la police municipale ne doit jamais être armée. Non pas parce que nous pensons que la police municipale doive se substituer à la police nationale, mais parce que la police municipale peut constituer une cible – et des exemples l’ont tragiquement illustré. Ne fermons pas la porte à ce débat, et laissons-nous la possibilité d’y revenir.
La montée en puissance de la police municipale sera très progressive : liée à la fois aux capacités du budget de la ville et de formation. Les 5 000 agents promis ne seront pas demain sur le terrain. Pour les Parisiens, la situation ne va pas changer immédiatement. Mais elle doit évoluer pour se donner les moyens concrets d’œuvrer en faveur de la tranquillité publique, de lutter contre les incivilités, au service de tous les Parisiens.
C’est le moment.
Je vous remercie.