27 jours.

27 jours que la guerre est revenue sur le continent européen, mettant en cause les fondements même du projet européen.

27 jours que les bombes pleuvent sur l’Ukraine, faisant des milliers de morts civils et militaires, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest : Marioupol, ville Martyr, assiégée, mais qui ne se rend pas, Kharkiv, Odessa, Dnipro, Kherson ou Mykolaïv.

27 jours que nous admirons le courage du peuple ukrainien, de ses dirigeants, qui partout se lèvent pour défendre leur pays et résistent malgré l’apparent déséquilibre des forces en présence.

27 jours que notre cœur se sert en pensant à ces 10 millions de déplacés, ces enfants privés de leurs parents, ces familles qui quittent tout pour espérer sauver leur vie.

Face à cette tragédie, aucune voix ne doit manquer pour condamner avec la plus grande fermeté le déclenchement par la Russie d’une guerre d’invasion sur un pays souverain, au mépris du droit international, que rien, absolument rien ne saurait justifier, pas même une velléité de rapprochement avec l’Union européenne ou l’OTAN.

La sidération face au « retour de l’histoire » sur le continent européen a rapidement laissé la place à une action, coordonnée et résolue de la part des dirigeants européens. L’Union, qui se renforce par les crises, a agi fortement à travers :

  • Une aide humanitaire massive
  • L’instauration de très lourdes sanctions contre le régime russe et bélarusse
  • Le mécanisme de solidarité pour accueillir les réfugiés
  • Pour la première fois, des livraisons d’armes
  • Tout en continuant à œuvrer sur le plan diplomatique pour exiger un cesser le feu,

D’autres leviers méritent d’être actionnés, même si la dépendance très forte de certains de nos partenaires européens au gaz russe freine une sanction pourtant indispensable. Car l’Europe ne peut continuer à financer cette guerre à travers ses importations. Ces sanctions ont un coût, pour l’ensemble des Européens, mais notre liberté n’a pas de prix.

Partout en Europe, la solidarité s’organise pour aider la population ukrainienne. Paris ne fait pas exception. L’élan de générosité des Parisiens s’illustre par le nombre de convois qui quittent chaque jour la capitale, les bénévoles qui se relaient auprès des arrivants ukrainiens ou encore celles et ceux qui mettent une chambre, un appartement à la disposition des réfugiés. Je veux saluer cette mobilisation citoyenne et toutes les initiatives, qu’elles soient associatives ou institutionnelles, et notamment par les mairies d’arrondissement, qui se sont mises en place depuis le début de ce conflit.

Dans sa tradition de ville refuge, Paris se mobilise pour le 1e accueil, pour l’accompagnement dans l’accès aux droits, pour la scolarisation des enfants.

Vous nous proposez aujourd’hui un geste symbolique au travers l’octroi de la citoyenneté d’honneur à la capitale, Kiev. Kiev, dont la moitié des habitants a fui, berceau de la culture et du patrimoine ukrainien dont les liens avec Paris sont forts. Demain, quand les bombes se seront tues, d’autres marques d’amitié seront nécessaires. Nous proposons ainsi la signature d’un accord européen d’amitié et de coopération avec la capitale ukrainienne, sur le modèle des nombreux accords de ce type déjà signés par la ville. Pour reconstruire les infrastructures détruites, et pour renforcer nos liens avec un peuple qui aspire à se rapprocher de l’Occident, depuis la révolution orange de 2004, réaffirmée sur la place Maïdan en 2014.

Nous voterons également la délibération prévoyant une aide d’urgence destinée aux organisations humanitaires intervenant en Ukraine et en Pologne ainsi qu’un soutien permettant d’accueillir dignement les réfugiés ukrainiens sur notre sol. Nous insistons sur la nécessité d’une prise en charge spécifique pour les enfants, notamment sur le plan psychologique. Nous appelons également la ville à explorer toutes les possibilités permettant d’accroître la pressions sur le régime russe dans les domaines éducatifs, sportifs et culturels. Et alors que des témoignages de crime de guerre nous parviennent notamment sur le traitement de fixeurs, nous appelons à ouvrir la maison des journalistes aux journalistes réfugiés ukrainiens.

Dans cette tragédie, la France, Paris se tiennent aux côtés de l’Ukraine et des Ukrainiens. Paris est et doit continuer d’être aux avant-postes. Nous y prendrons toute notre part.

Je vous remercie.