Madame la Maire,
Mes chers collègues

Même si la rentrée s’est passée il y a un mois et je regrette que notre conseil se réunisse toujours aussi tard, Il faut se réjouir qu’elle se soit bien déroulée pour tous nos élèves parisiens malgré un contexte sanitaire inédit.
Ces 3 longs mois de confinement nous ont démontré combien le rôle de l’école était fondamental dans la structure même de notre société, tant bien sûr pour les enfants, leur savoir et leur socialisation, que pour leurs parents qui ont dû s’improviser, du jour au lendemain, professeurs à domicile.
L’école et ses enseignants ont tout à coup repris toutes leurs lettres de noblesse et nous ne pouvons que nous en féliciter dans une époque où cette institution est souvent malmenée.

Je tiens à saluer l’esprit extraordinaire des équipes enseignantes qui ont déployé des trésors d’initiatives et d’imagination pour que chaque enfant soit accueilli dans de bonnes conditions même si elles étaient exceptionnelles, saluer également l’esprit responsable et civique des familles qui elles aussi ont été contraintes de vivre cette rentrée sans la joie traditionnelle des rentrées précédentes.

Je voudrais également saluer le travail des personnels de la ville de Paris qui ont joué leur rôle avec beaucoup d’engagement et de sens de la responsabilité Le maître-mot de cette rentrée et des mois qui vont suivre sera assurément l’adaptation.
Adaptation à de nouveaux protocoles évolutifs, adaptation à de nouvelles formes d’enseignement, adaptation à de nouveaux outils numériques, adaptation à une nouvelle vie scolaire.

Adaptation, mais également anticipation pour évaluer le plus rapidement possible les situations qui pourraient entrainer des fermetures de classes.

La communication que vous nous présentez aujourd’hui madame la Maire semble être de bon présage par certains de ses aspects pour nos écoliers et nos collégiens en mettant l’accent sur le dédoublement des classes de CP et de CE1 pour les écoles situées en REP et REP plus, la pratique des langues, les activités culturelles et artistiques, l’art oratoire et l’académie du climat.

Ces mesures s’inscrivent dans une vision d’excellence pour tous que nous défendons depuis des années et qui, si elles sont bien appliquées avec des intervenants de qualité, seront assurément une valeur ajoutée dans la scolarité et la réussite de nos petits parisiens.

Nous nous félicitons d’autant plus de ces mesures s’inscrivent dans la droite ligne de la politique du ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer et que vous reprenez dans votre communication de rentrée ce qui est une nouveauté !

Quand on sait que 75% des collégiens français sont incapables de s’exprimer correctement en anglais, oui, il est urgent d’étudier les langues étrangères dès l’école maternelle avec des méthodes ludiques certes, mais il est indispensable qu’elles soient enseignées par des intervenants natifs ou bien d’enseignants ayant fait des études de langues vivantes à l’université. Car les enseignants n’ont pas toujours reçu de formation pour les langues étrangères.
Le programme de développement des langues est tout à fait intéressant mais nous regrettons qu’il soit diffusé encore trop à dose homéopathique dans 52 écoles sur 469 que compte la ville de Paris. Nous ne pouvons que vous encourager à développer ces dispositifs et ce, sur l’ensemble du territoire parisien.

Le droit à la culture est partie intégrante du droit à l’éducation et l’éducation participe de la liberté et de l’indépendance du citoyen. C’est pourquoi il est fondamental d’offrir un accès à la culture aux enfants le plus tôt possible. Art et grandir en est un bel exemple mais là encore, profitons du maillage exceptionnel culturel du territoire parisien, théâtre, musées, compagnies de danse, pour offrir à l’ensemble des élèves parisiens de l’Est comme de l’Ouest le bénéfice que leur apporte la pratique culturelle prodiguée par des artistes d’une grande qualité. Profitons de ce moment où la culture souffre de la crise sanitaire pour envoyer les artistes dans les écoles. Faisons entrer la culture sous toutes ses formes dans tous les établissements scolaires. Soyons audacieux dans ces temps de doutes et de repli pour ouvrir grandes les portes des écoles, des collèges et des lycées. Si nous ne pouvons plus aller à la culture, faisons-en sorte qu’elle vienne à nous.

Une autre forme de précarité, plus sourde mais qui touche bon nombre de jeunes filles est la précarité menstruelle. Le groupe Modem se félicite de voir ce sujet, trop souvent tabou, apparaître dans cette communication de rentrée et pour lequel notre groupe a déposé un vœu.

Mais votre communication c’est aussi une présentation édulcorée de la réalité.

Tout d’abord la distribution de masques aux collégiens pour soulager les familles de ce coût financier supplémentaire.

La crise sanitaire nous oblige à respecter les gestes barrière, la distanciation physique, lavage fréquent des mains et port du masque pour les élèves de plus de 11 ans. Concernant le port du masque, vous avez équipé les collégiens de l’enseignement public de 2 masques lavables et c’est une bonne mesure.
Nous regrettons cependant que les collégiens de l’enseignement privé sous contrat n’aient été équipés, eux, que d’un seul masque.

D’autres collectivités comme le département de Seine st Denis a fourni 4 masques a tous les collégiens du privé comme du public ou encore la région Ile de France qui a distribué 2 masques lavables pour tous les lycéens public ou privé sans idéologie dépassée. Je rappelle que les collégiens du privé représentent près de 30 000 élèves à Paris et ceux du public 55 000 élèves. Paris s’honorerait à être une ville où chaque élève privé ou public aurait la même place.

La crise du Covid a été révélatrice des inégalités d’accès au numérique. Et même si on ne remplacera jamais un enseignement en présentiel, il est de notre devoir de collectivité territoriale de veiller à ce qu’aucun élève ne soit exclu de l’accès numérique pour une bonne continuité pédagogique.
Aussi, madame la maire, j’aimerais connaître votre vision en la matière. Prévoyez-vous d’équiper chaque collégien par exemple entrant en 6ème d’un ordinateur ou bien d’une tablette jusqu’à la fin de sa 3ème comme le fait la région Ile d France pour tous les lycéens entrant en classe de seconde ?

Les perspectives sanitaires ne sont pas encourageantes et laissent augurer de nombreuses absences dans le milieu scolaire.

Qu’envisagez-vous comme dispositif madame la maire pour garantir l’accueil des élèves ? Mettrez-vous enfin un vrai service minimum d’accueil des élèves comme nous le réclamons régulièrement afin d’éviter aux parents de se débrouiller seuls pour trouver un système de garde ?

Enfin, j’aimerais terminer avec la sécurité aux abords des écoles. Oui, la sécurité des piétons et des enfants en particulier doit être une priorité absolue de cette mandature. 2500 jeunes piétons sont chaque année victimes d’un accident de la route. Les voitures mais aussi les deux-roues motorisés voire maintenant les vélos et les trottinettes deviennent des dangers pour les enfants sur le chemin de l’école. Je rappelle que 44% des accidents surviennent sur le trajet domicile école.
Si 57% des parents plébiscitent la fermeture des rues des écoles aux voitures, il ne faut pas que ces zones de sécurité douce où les piétons se sentent en sécurité et baissent la garde se transforment en zone rouge que les voitures continuent à emprunter ces tronçons de rue.
La signalisation aux abords des écoles en zone apaisée devrait être intensifiée à l’égard des automobilistes parfois surpris, parfois imprudents dans ces zones semi piétonnes.

Un dernier mot enfin sur la mixité sociale dans les établissements scolaires. Vous connaissez notre attachement à cette valeur. Nous avons toujours défendu cette idée d’excellence républicaine pour tous, offrir à chacun la possibilité de s’émanciper de sa condition sociale par la réussite scolaire. Oui chacun doit s’engager sur ce chemin mais avec ambition en proposant avec le rectorat de Paris d’introduire des activités d’excellence dans les établissements désertés par les familles qui refusent la violence, l’insécurité et le manque d’esprit de travail de certains établissements pour leurs enfants. Il faut susciter et recréer ce lien de confiance distendu auprès des parents pour qu’ils aient envie de revenir dans certains collèges Créer l’adhésion plutôt que la sanction.

Cette année scolaire se dessine assurément comme un défi que doit relever Paris.
La prudence reste de mise.
Nous devons tous collectivement faire preuve de responsabilité et d’accompagnement de toute la communauté éducative par la souplesse, la réactivité et l’agilité de notre collectivité locale.

Je vous remercie