Merci Madame la Maire,

Le groupe MoDem et Indépendants salue l’ambition affichée par la Mairie de Paris dans ce nouveau plan Paris pluie qui marque une évolution positive dans la manière de concevoir l’eau de pluie. Sa gestion et la manière dont on peut la valoriser. 

Sa limite parce que bien sûr il y en a une, c’est que ce plan ne précise pas suffisamment les sources de financement des projets proposés, ni les mesures de contrôle et d’évaluation de leur efficacité. Comment ces projets sont-ils financés à long terme ? Quelle part du budget de la ville sera réellement allouée à ces initiatives dans les prochaines années ? On a beau chercher, on ne trouve pas la réponse. 

La communication mentionne des résultats positifs des premières initiatives, c’est bien, mais omet d’entrer dans le détail des coûts associés à ces projets et des mécanismes de financement. La ville doit expliquer comment ces projets sont financés et se doit de réaliser un retour d’expérience exhaustif au lieu de consacrer une communication sur plusieurs pages au changement de paradigme : la pluie n’est pas une contrainte mais une ressource à utiliser. 

La réussite de la désimperméabilisation et de la végétalisation repose autant sur l’impulsion publique que sur l’appropriation par les Parisiens, notamment les copropriétés, les bailleurs sociaux, les entreprises et les habitants de ce sujet. Si le plan fixe des objectifs chiffrés ambitieux, la diversité du tissu urbain impose une approche concertée. D’abord, prioriser la désimperméabilisation avec les bâtiments publics à forte fréquentation, les écoles, les centres sociaux, les équipements sportifs. Cela permet de montrer l’exemple, de donner une idée sur les coûts et les avantages. 

Ensuite, accompagner plus explicitement les copropriétés des quartiers anciens et denses où l’espace disponible est limité. Pour rappel, du fait des substances ou des microorganismes qu’elles sont susceptibles de véhiculer et des déversements d’eau usée non traitée qu’elles engendrent, les eaux pluviales ont des conséquences sur la qualité des rivières. Ces rejets sont à l’origine de déversement de déchets et de micropolluants aux effets négatifs multiples que l’on connaît bien. 

La présence de volume important d’eau pluvial dans le réseau de collecte vient perturber le fonctionnement de l’ensemble du système d’assainissement. Donc, sans réduction sensible de ces flux de pollution, de nombreux cours d’eau ne seront pas en bon état à échéance de 2027 fixés par la directive cadre sur l’eau. 

Nous ne pouvons pas manquer ce rendez-vous. Le groupe rappelle fréquemment que Paris est une ville très dense et minéralisée avec des spécificités patrimoniales et techniques qui rendent certaines mesures difficiles à appliquer. Si l’objectif d’atteindre 55 % du territoire transformé en ville éponge d’ici 2050 est ambitieux et louable, il doit être accompagné d’une feuille de route claire avec des étapes intermédiaires, réalistes et adaptées aux divers quartiers. 

Pour le groupe, la résilience de Paris ne peut se réduire à la seule gestion des eaux pluviales. Il s’agit d’une approche globale qui tient compte de la lutte contre le réchauffement urbain, de la préservation et du développement de la biodiversité, de la maîtrise de la consommation des ressources et de l’amélioration de la qualité de vie pour tous les Parisiens. 

La végétalisation des espaces publics, si elle est un levier essentiel pour la gestion des eaux, est aussi un outil fondamental de lutte contre les îlots de chaleur, de création d’espaces de fraîcheur et de détente et de soutien à la biodiversité urbaine. Cette approche multisectorielle doit être au cœur des politiques municipales avec des synergies entre les différents services, le l’urbanisme, l’environnement, la voirie, l’espace les espaces verts et l’eau. 

Enfin, la résilience passe aussi par l’implication des citoyens et des acteurs économiques. Les projets doivent être conçus avec eux pour favoriser leur appropriation et leur participation active, que ce soit dans la gestion quotidienne ou dans la construction des solutions. C’est à ces conditions seulement que le pari sera réussi.