Madame la Maire,

Mes chers collègues,

Tout le monde le sait, Paris ne serait pas Paris sans ses monuments et son patrimoine historique exceptionnel. La Tour Eiffel, Notre Dame, le Louvre, l’Hôtel des Invalides, la Sainte Chapelle, la Butte Montmartre, les hôtels particuliers du Marais, les places ; bref tout ce patrimoine majestueux que nous envie le monde entier et qui fait de Paris la ville la plus belle du monde.

Mais à côté de ce patrimoine flamboyant se cache dans nos quartiers, dans nos rues, sur nos murs, un patrimoine plus humble, plus modeste, un petit patrimoine.

Notre ville regorge de tous ces témoignages du temps à qui sait les regarder, sur les trottoirs, les façades, dans les cours ou les jardins, qui racontent non seulement l’Histoire, avec un grand H, mais aussi la petite histoire de ses habitants et de leur quotidien ; des racle pieds, des chasse roues, des pompes à eau, des devantures de commerces, autant d’éléments qui nous renseignent sur l’organisation de notre ville au fil de son histoire.

Alors je sais que la notion même de petit patrimoine peut susciter des réactions.

Cependant, parler du petit patrimoine n’a rien de péjoratif ni de diminutif ;

Parler de petit patrimoine, ou de patrimoine de proximité, ne doit pas être une question qui clive et nous pourrons utiliser dans nos travaux les 2 termes sans dogmatisme. Même si je vous avoue avoir une préférence affective pour l’appellation de petit patrimoine.

Notre groupe Modem, Démocrates et Écologistes, a donc fait le choix de vous présenter aujourd’hui une délibération pour rendre hommage à ce petit patrimoine urbain trop souvent oublié et qui mérite, pourtant, de notre ville, une véritable politique de sauvegarde et d’entretien.

Remettre les Parisiens au centre de la politique patrimoniale à Paris a été notre boussole pour présenter cette niche qui s’articule autour de 3 axes principaux.

Ces trois axes principaux sont les suivants : Recenser, Restaurer, Valoriser.

Tout d’abord, recenser.

La notion même de petit patrimoine, nous venons de le dire, est difficile à appréhender par sa diversité et son manque d’encadrement juridique.

Cependant, nous pouvons aisément le caractériser lorsque nous pensons aux frontons, portails, statues, puits, kiosques, fresques murales, bornes, cadrans solaires ou boîtes à sable .

Mais bien d’autres éléments que nous ignorons encore peuvent être protégés au titre du petit patrimoine. Je pense notamment à tout ce patrimoine industriel, végétal ou animal qui sont des marqueurs forts de notre paysage parisien.

Les Parisiens sont les premiers témoins de ce petit patrimoine qui ponctue leur quotidien, leurs trajets pour aller au travail, leurs promenades ou leurs moments en famille. Ce petit patrimoine, il se l’ont approprié au fil du temps, il fait partie de leur environnement le plus proche , ils y sont très attachés et ils ont envie de le sauvegarder.

C’est pourquoi nous proposons qu’une plateforme collaborative soit créée afin de recenser tous les éléments de petit patrimoine et alimentée par les Parisiens eux-mêmes. Cette plateforme complètera le travail déjà fabuleux des associations et sociétés historiques dans les arrondissements.

A côté de cette plateforme collaborative, nous souhaitons la création d’un Observatoire Parisien du petit patrimoine composé de membres d’associations nationales et parisiennes très actives sur le sujet, de la commission du Vieux Paris, d’historiens, d’architectes et de Parisiens.

Cet Observatoire sélectionnera un certain nombre d’éléments recensés qui appelleraient à une restauration urgente.

Le deuxième axe de cette niche concerne la restauration de ce petit patrimoine.

La restauration du patrimoine demande des moyens financiers importants. La restauration du petit patrimoine est donc une question financière mais elle est aussi une volonté politique de flécher les crédits publics.

Or force est de constater que la ville de Paris n’investit pas suffisamment dans la restauration de son patrimoine même si nous saluons la volonté de Karine Taïeb à vouloir faire avancer les choses.

C’est pourquoi nous proposons un financement hybride avec une participation privée et publique ; une plateforme de financement participatif où 1 euro investi par une personne physique ou morale serait abondé du même montant par la ville de Paris .

Notre ville recèle de jeunes apprentis et de professionnels aguerris aux métiers d’art ou de bénévoles qui souhaitent s’engager pour être utiles à la sauvegarde de leur patrimoine. Nous pouvons alors imaginer une mobilisation organisée et encadrée par la ville de Paris pour faire appel à toutes ces personnes.

3ème axe enfin, Valoriser le petit patrimoine.

Même s’il est qualifié de trésor des humbles et des pauvres, le petit patrimoine doit être reconnu et célébré à sa juste valeur.

Aussi, nous proposons la création d’une journée du petit patrimoine parisien qui aura pour objectif la présentation de ce petit patrimoine à tous les Parisiens.

Comme le fait si bien en Sardaigne l’association Monumenti Aperti, ce sont les élèves et les collégiens qui travailleront autour d’un projet de restauration du petit patrimoine puis présenteront à leurs parents et aux habitants de leur quartier durant un week- end l’histoire de ce projet.

La région Ile de France a mis en place dès 2017 une politique ambitieuse pour la sauvegarde du petit patrimoine et chaque année ce sont plusieurs dizaines de sites labellisés Patrimoine d’intérêt régional Ile de France.

D’autres villes et départements en ont fait de même.

Alors chers collègues, nous avons bien vu comme les Parisiens sont attachés à leur patrimoine et savent se mobiliser pour le sauvegarder.

C’est par cette mobilisation populaire que nous souhaitons que la ville de Paris, en collaboration avec chaque mairie d’arrondissement, s’empare de ce sujet patrimonial ; qu’elle mette en place une véritable politique de sauvegarde de ce petit patrimoine parisien que nous vous proposons de voter aujourd’hui.

Je vous remercie.