Monsieur le Maire,
Mes chers collègues,
Le défi principal de ce PLU est de préserver l’âme de Paris dans sa modernité sans abîmer son histoire. C’est une complexité dont nous ne pouvons nous détacher tant Paris est LA ville patrimoniale reconnue dans le monde entier.
Ce qui rythme notre paysage parisien reconnaissable entre toutes les villes du monde, c’est l’homogénéité et l’élégance de notre ville. C’est une homogénéité mais c’est aussi une hétérogénéité qui fait l’identité de Paris. Chaque arrondissement est unique. Notre ville, riche de ses différences, nous impose de les respecter si nous voulons conserver l’âme de Paris.
Malheureusement, votre notion de l’homogénéité tourne à l’uniformité. Ce qui n’est pas du tout la même chose. L’homogénéité dont notre ville a hérité, c’est la cohérence dont parlait ma collègue Maud Lelièvre, c’est la cohérence et l’harmonie. L’uniformité que vous lui imposez, c’est l’égalité et la monotonie.
Uniformité des logements, uniformité des places, uniformité des jardins et je pense à l’aménagement des abords de Notre-Dame.
Une uniformité tellement contraire à l’esprit parisien. Une uniformité qui débouche sur une banalité de notre espace public. Et je crains que ce PLU ne renforce cette uniformité.
En ce qui concerne l’aspect patrimonial de ce PLU bioclimatique, je souhaiterais citer le très bon rapport de Jean-Paul Bailly rendu au nom des groupes de travail de la commission du Vieux Paris qui ont travaillé sur le sujet. J’en profite pour saluer l’action de cette excellente commission et de son président Jean-François Legaret qui font un travail exceptionnel pour la préservation du patrimoine.
Ce qui ressort de ce rapport est qu’une alliance bioclimatique / préservation du patrimoine est compatible. Et j’ai entendu Mme la Maire ce matin, je ne voudrais pas que l’on tombe encore dans cette caricature des défenseurs d’un patrimoine immobile. Le patrimoine et rénovation thermique exigeront beaucoup de finesse souligne le rapport Bailly dans l’analyse du bâtiment.
C’est une politique du sur-mesure qui devra s’appliquer : une souplesse et une adaptation afin de trouver les solutions les plus judicieuses dans la préservation de l’aspect des bâtiments réhabilités. Comme l’isolation thermique extérieure sur certains murs intérieurs ou la captation d’énergie sur les toits.
Nous sommes inquiets quant à la préservation des façades puisque vous envisagez une modification de l’aspect extérieur des immeubles. Nous sommes inquiets car c’est ouvrir la porte à tous les excès sous couvert de l’isolation thermique.
Nous déposons d’ailleurs un vœu à ce sujet demandant qu’un travail partenarial soit organisé entre l’Agence parisienne du Climat et la Commission du Vieux Paris pour les projets de rénovation énergétique.
Nous nous inscrivons dans ce même esprit de sur-mesure en ce qui concerne les surélévations. Les dents creuses, ces espaces de respiration de notre espace parisien, mais également espaces de respiration et de circulation de l’air. Des ponctuations qui évitent des rues bloc uniformes. Même si les surélévations sont une alternative à la construction, elles doivent être délivrées avec infiniment de précautions. Et ce n’est pas le signe que vous avez donné jusque là en accordant des permis de surélévations très souvent contre les avis de la commission du vieux Paris qui dénonçait ces excès.
C’est pourquoi nous déposons un vœu pour qu’un avis de la commission du vieux Paris contraignant soit rendu pour tout projet de surélévations et uniquement en accord avec les mairies d’arrondissements concernées.
Nous souscrivons à l’idée de réhabilitation des bâtiments existants plutôt que les constructions, bien évidemment. En effet conserver un bâtiment existant est déjà un acte vert en soit car, toute la consommation énergétique liée à sa construction est nulle. Rénover est donc un acte vert.
Un nouveau rendez-vous nous donc est donné avec l’adoption de ce PLU. Quel visage voulons-nous donner à notre ville pour les prochaines décennies ? Un visage que vous avez passablement abîmé pendant ces dernières années et que les Parisiens refusent. Je vous remercie.