Monsieur le Maire, Mes chers collègues, 

Il aura fallu la secousse tellurique du livre de Sarah Abitbol « Un si long silence » qui dénonçait les viols subis de la part de son entraîneur de patinage pour embraser le monde sportif. Les paroles se sont déliées, les nombreuses victimes très souvent mineures à l’époque ont dénoncé les viols et violences sexuelles qu’elles avaient subi dans l’indifférence générale. Car comme disait le champion olympique Gwendal Peizrat : « on savait qu’il y avait des dysfonctionnements, mais on n’avait pas idée de l’ampleur. La fin de l’omerta a commencé grâce à la parole de Sarah Abitbol ». 

Car cette omerta fait froid dans le dos. Confier son enfant à un entraîneur ou un éducateur sportif est un acte de grande confiance pour les parents. Voir son enfant évoluer, remporter des victoires au prix d’un entraînement difficile et exigeant, en symbiose totale avec son entraîneur doit être une sécurité absolue pour les parents. Or malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.

C’est pourquoi il fallait agir, il fallait agir fort. La prise de conscience et la réactivité des fédérations sportives a été immédiate avec la mise en place de plans de prévention pour tous les acteurs de la chaîne du monde sportif à savoir les dirigeants, les encadrants, les pratiquants, les sportifs de haut-niveau et leur entourage. Le problème a également été pris très au sérieux par l’Etat.

Alors que ce séisme a eu lieu en janvier 2020, aucune mesure n’a été prise par la ville de Paris bien que notre ville compte 3170 clubs sportifs et 330 000 licenciés selon les chiffres de 2017. Vous avez même fait mieux encore en refusant de voter un vœu de notre collègue Samia Badat Karam, qui proposait que la ville de Paris mette en place une stratégie contre ces violences sexistes et sexuelles dans le sport.

Nous ne pouvons donc que nous féliciter de cette communication, certes tardive, mais que l’on aurait souhaité beaucoup plus musclée compte tenu de l’enjeu et de l’importance du sujet et des prochains JO à Paris. Informer, former, engager, écouter qui sont les 4 axes de la communication ne révolutionnent en rien la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport à Paris.

Nous aurions aimé des mesures plus engageantes vis-à-vis des clubs sportifs notamment dans le recrutement des entraîneurs et des bénévoles. 

La vérification de leur casier judiciaire doit être un préalable obligatoire afin de ne pas faire revenir dans les clubs sportifs des éducateurs ou des entraîneurs déjà condamnés. De même, il nous revient de réfléchir à une radiation à vie de ces entraîneurs et éducateurs condamnés pour agressions sexuelles, et en informer les clubs et chaque fédération pour qu’ils ne puissent plus être recrutés.

De plus, nous demandons la mise en place d’un référent « lutte contre les violences sexistes et sexuelles » dans chaque centre sportif géré par la ville de Paris, faire signer une charte qui sensibilise et engage chaque acteur, de l’entraîneur, aux sportifs, et de leurs parents, pour un respect des valeurs sportives, et faisant clairement mention des sanctions contre toute violence sexiste ou sexuelle. 

Les clubs sportifs durement touchés par la crise Covid ont besoin de retrouver leurs licenciés. Ils ne les retrouveront que si la confiance est là et sans ambiguïté. Il faut des mesures fortes, marquer la volonté de la ville que tout sera mis en place pour traquer les prédateurs dans les milieux sportifs. Votre communication est un amorcement, mais n’est pas un aboutissement. Soyons courageux, soyons inflexibles pour lutter contre toutes ces violences dans le sport dont sont trop souvent victimes les mineurs et les femmes. 

Je vous remercie.