Madame la Maire, Monsieur le Préfet,
Mes chers collègues,
Mardi dernier, la France entière a assisté, impuissante, à un drame. Un drame qui a ôté la vie à Nahel, 17 ans.
La colère que nous ressentons est parfaitement légitime. Car personne ne doit mourir à 17 ans.
Nos institutions ont fonctionné. Et la justice n’a pas failli. Elle s’est immédiatement saisie de ce drame : le policier incriminé a été mis en examen après sa garde à vue et placé en détention provisoire à la prison de la Santé.
5 nuits d’émeutes, sur tout le territoire, et à Paris, ont suivi ce drame. A Paris, certains quartiers se sont embrasés et de très lourdes dégradations de biens publics et privés sont à déplorer.
Et ces événements ont peu à voir avec le drame de Nanterre : détruire les biens communs, piller des magasins, brûler le bus du « Cœur des femmes », la BAPSA, ou une antenne des Restos du cœur, caillasser et incendier des bus, tenter de mettre le feu à des bâtiments publics, appeler à tuer des policiers, des surveillants pénitentiaires, ce n’est pas manifester une colère, c’est délibérément attaquer les symboles de l’autorité et vouloir détruire ce qui fait notre société.
Et il n’y a aucune excuse à chercher à ceux qui brûlent la voiture de leurs voisins, détruisent l’école de leurs frères et sœurs, pillent la pharmacie de leur quartier. Ceux qui détruisent ce qui a été difficilement et patiemment construit par la puissance publique et les habitants. Une destruction des biens communs, dont vont pâtir en premier lieu, les plus fragiles.
Aucune excuse à chercher non plus à ceux qui s’en prennent aux élus. Car s’attaquer à celles et ceux qui inlassablement s’engagent au service des autres, c’est attaquer la République. Sur l’ensemble du territoire, 99 mairies ont été attaquées. Stéphanie Von Euw, la Maire de Pontoise, Emmanuel François, le Maire de Saint Pierre des Corps en ont été victimes. Et bien sûr Vincent Jeanbrun et sa famille, victimes d’une tentative d’assassinat que nous condamnons avec la plus grande force.
Cela doit cesser désormais.
Dans de trop nombreux quartiers, y compris à Paris, les habitants vivent dans la peur, au son des tirs de mortier.
Des professionnels ont perdu leur outil de travail.
Beaucoup leur moyen de transports.
D’ores et déjà, le coût pour la collectivité est immense. Sans parler des coûts à venir.
Depuis mercredi dernier, les policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers sont sur sollicités et méritent notre gratitude. Les élus, de tout bord, se mobilisent pour défendre leurs concitoyens. Et les services de la propreté s’attellent chaque matin à effacer les stigmates de la nuit.
Il nous faudra tirer les enseignements, collectivement, de ces nuits d’émeute. Sans fléchir. Améliorer ce qui doit l’être. Renforcer les liens là où ils sont distendus. Notamment le lien entre population et police et rappeler que la police doit nous protéger, en toute circonstance.
Dans l’immédiat, c’est d’unité, de solidarité et de fermeté dont nous avons besoin.
Unité. Pour protéger la République, qui étymologiquement est ce que nous avons en commun. Partout les voix s’élèvent pour dire stop aux violences. Hier, sur le parvis des mairies, nos concitoyens se sont déplacés en nombre pour dire leur attachement à nos institutions. Oui, nous avons tous en nous une part de la République. Agissons, ensemble, pour la défendre.
Solidarité. Envers celles et ceux qui ont perdu leur outil de travail, leur moyen de transport : le gouvernement, la région et vous même Madame la Maire ont d’ores et déjà annoncé les mesures d’accompagnement aux commerçants : report et étalement des charges, rapidité des indemnisation, souplesse des banques. Notre soutien doit être total.
Fermeté. Des centaines de personnes ont été interpellées à Paris : la justice doit œuvrer dans la sérénité, et dire très clairement le caractère intolérable de ce qui s’est passé ces derniers jours.
Ce n’est qu’ainsi que nous renforcerons nos institutions républicaines, seules à même de tirer les enseignements de ces derniers jours. Et gare aux apprentis sorciers : on ne reconstruit rien sur des ruines.
Je vous remercie.