Merci Monsieur le Maire, mes chers collègues,

Dans notre société où prospère l’individualisme et où les desseins communs s’amenuisent, la force du lien social est un enjeu majeur. C’est un enjeu encore plus prégnant pour les plus âgés car il est un facteur clé pour la santé, qu’elle soit physique ou psychique. Quand l’isolement renforce la maladie, le lien social ralentit au contraire les signes de l’âge.

Paris compte 470 000 personnes âgées de 60 ans ou plus. Soit près d’un cinquième de la population dont les besoins particuliers appellent des réponses dédiées en termes d’hébergements ou encore de mobilités.

Par notre niche, nous avons souhaité mettre en lumière un des leviers du renforcement du lien social : la présence d’animaux auprès des personnes âgées dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Alors que de nombreux EHPAD en France accueillent des animaux – souvent les animaux à 4 pattes des résidents -, la pratique n’est pas développée à Paris. Si c’est légalement possible, et d’ailleurs les résidences autonomie de la Ville de Paris accueillent d’ailleurs les résidents avec leurs animaux, des freins existent. Le manque de places est une des explications. Et pourtant, la volonté – bien réelle – existe.

Les bienfaits de la présence d’animaux auprès des personnes âgées sont connus et documentés : elle apporte une compagnie stimulante, contribue à rompre l’isolement et par la même à prévenir les maladies psychiques et neurodégénératives.

Et cela répond à des attentes très fortes : selon une étude menée en 2016, 86% des Français interrogés déclaraient vouloir emmener leur animal avec eux à l’EHPAD ou à l’hôpital.

Pour autant, la présence d’animaux dans un établissement d’hébergement n’a rien d’anodin, tant pour les résidents que les personnels et les animaux eux-mêmes, le bien-être animal étant un prérequis. Et je ne parle évidemment pas des conditions actuelles liées à la crise sanitaire qui rendent les choses, bien évidemment, encore plus difficiles.

Notre proposition consiste à favoriser la présence d’animaux dans les EPHAD, selon différentes modalités successives et cumulatives.

D’abord, notre délibération propose l’accueil, dès cette année, d’animaux dans un ou plusieurs établissements volontaires de la Ville, afin d’évaluer les besoins nécessaires à une telle présence. Cette expérimentation donnera lieu à l’établissement d’un référentiel extrêmement précis permettant d’accompagner l’accueil d’un animal dans les établissements, qu’il s’agisse de l’animal d’un résident, ou d’un animal dont l’accès est envisagé pour l’ensemble des résidents de l’établissement.

Ce référentiel, élaboré avec l’ensemble des parties prenantes – résidents, personnels, représentants des familles, corps médical, vétérinaires,- doit tenir compte de toutes les dimensions qu’entraîne la présence animale au sein d’un établissement :

–     Le confort des résidents à travers les modalités de la présence d’un animal : type et nombre d’animaux pouvant être accueillis, lieux accessibles, prévention médicale ; conditions d’accueil d’un animal avec son maître, recueil du consentement des résidents et/ou de leur famille, respect des contre-indications propres à chaque résident ;

–     Le soutien au travail des soignants – et c’est une dimension sur laquelle je souhaite particulièrement insister et par la même, saluer l’engagement dont ils ont fait preuve tout au long de la crise sanitaire et bien évidemment en dehors de la crise sanitaire. – Déjà très fortement mobilisés, la charge de l’animal ne peut en aucun cas reposer sur les personnels et les responsabilités clairement établies.

–     Et puis évidemment les conditions du bien-être animal, qu’il s’agisse des soins quotidiens : la nourriture, le temps de repos, de sortie, de son suivi vétérinaire, doivent être clairement définies

Une fois testé et évalué, ce référentiel permettra d’accompagner l’ensemble des établissements d’hébergement volontaires, qu’ils soient publics ou privés, dans l’accueil d’animaux.

En parallèle, notre délibération prévoit de favoriser l’action des associations spécialisées en médiation animale, afin qu’elles puissent intervenir dans les établissements ou permettre aux résidents d’aller à la rencontre d’animaux. Des associations expérimentées et reconnues interviennent depuis de nombreuses années en établissement et les bienfaits sont visibles.

J’en profite pour saluer Isabelle de Tournemire, la présidente de l’association « Parole de chien » qui est présente cet après-midi.

Les associations telles que « Parole de chien » font un travail remarquable et permettent via leur intervention de créer du lien entre résidents et chiens, au bénéfice de leur santé physique que psychique que constate aussi le personnel soignant.

Avant de conclure et je voudrais être très claire là-dessus :

Cette délibération a pour objectif de renforcer le lien entre nos aînés et les animaux, avec la volonté de contribuer, par ce levier, au lien social. Par sa méthodologie, elle veille à ce que ce dispositif se réalise au bénéfice des résidents, des soignants et dans le plus strict respect du bien-être animal.

Cette délibération ne prétend évidemment pas être une réponse à l’ensemble des enjeux, centraux, liés au grand âge. Enjeux structurels, liés à l’accompagnement du vieillissement de la population, et enjeux liés à l’actualité. Une actualité qui révèle des pratiques intolérables qui, si elles devaient être avérées, doivent être très sévèrement condamnées et dont il est urgent de se saisir pour mieux contrôler les établissements, tous les établissements, afin de sanctionner les pratiques inhumaines et mieux les prévenir. Et au-delà de cette réponse urgente et forte, le bien-vivre constitue un enjeu dont la société tout entière doit se saisir

La création d’une nouvelle branche de la sécurité sociale consacrée à l’autonomie et dotée d’un financement de 2,4 milliards d’euros par an, la revalorisation des salaires, les programmes de lutte contre l’isolement, les congés proches aidants ont montré la voie. Mais il faudra poursuivre et renforcer dans cette dynamique. Car en l’espèce, on reconnaît le degré de civilisation d’une société à l’image dont elle traite ses aînés. C’est de cet enjeu dont nous devons tous nous saisir.