Merci beaucoup Monsieur le maire, 

Vous nous avez suffisamment entendu dans cette enceinte dénoncer le fait que les piétons étaient les parents pauvres de la politique des déplacements parisiens, pour que nous puissions nous réjouir de la présentation de ce texte qui d’abord au regard du précédent débat que nous avons eu sur le sujet avec le code de la route, le code de la rue, a au moins le mérite de ne pas nous prendre pour des imbéciles. 

Alors le nombre d’inscrits, oui il est important parce que c’est un sujet qui a trop longtemps été oublié par la ville alors qu’il représente 65% des déplacements à Paris. 

Si beaucoup d’éléments vont dans le bon sens, Monsieur le maire, reprenant nombreuses de nos propositions, il nous laisse pour autant sur notre faim. Car il s’agit avant tout d’une compilation de mesures déjà annoncées, dont nous partageons certes globalement la philosophie, mais sans calendrier, ni phasage ou budget en conséquence. Or, si les déplacements piétons ont augmenté, la qualité des aménagements depuis 2017 s’est dégradée comme le traduisent les résultats du dernier baromètre ville marchable qui place Paris à la 9e place, sur 11, avec une note générale de 7, 7 sur 20, on peut mieux faire. 

Il y a donc urgence, pour améliorer la situation, et c’est bien d’un changement de braquet dont nous avons besoin et de tirer les enseignements de la mise en œuvre, très partielle, du précédent plan piéton.  

Reconquérir l’espace public au profit des piétons, c’est ce que nous n’avons de cesse de réclamer. Il nous faut à la fois de l’espace pour élargir les trottoirs et permettre une végétalisation suffisante pour permettre d’adapter la ville au changement climatique. Et pour ce faire, nous réclamons l’enfouissement du stationnement, un élément totalement absent de ce plan.  

Les trottoirs restent aujourd’hui trop petits. Rappelons d’ailleurs que parfois ils n’existent pas. Et ailleurs, ils peuvent s’apparenter à un véritable parcours d’obstacles : signalétique surnuméraire, terrasse, mais également et de plus en plus des vélos stationnés sont des freins au déplacement des piétons. Et sur cette question spécifique des vélos, il faut absolument que nous augmentions significativement le nombre d’arceaux vélos mais également que nous soyons absolument intransigeants lorsqu’un vélo stationné empêche la circulation sur les trottoirs. 

Et nous l’avions réclamé lors de l’examen du plan vélo : améliorons la visibilité de part et d’autre des passages piétons, la loi le permet. Et ça permettrait de remplacer les stationnements voiture par des arceaux vélos. 

Il nous faut également un choc sur le confort des déplacements piétons : la qualité des aménagements tarde à s’améliorer, et ce n’est guère étonnant compte-tenu de la baisse tendancielle du budget en matière de voirie, baisse à laquelle vous avez mis fin enfin, cette année. Néanmoins, le budget reste absolument insuffisant pour tous les travaux nécessaires à la réflexion des trottoirs. Des trottoirs peu entretenus, et qui donne lieu régulièrement à des indemnisations encore à ce conseil. Des indemnisations qui sont parfois passées de 900 000 euros en 2018 à plus de 1,5 million cette année. 

Alors, faisons réellement, lors des travaux, des piétons les publics prioritaires, ce qui n’est que trop rarement le cas. 

Alors j’ai lu avec plaisir que vous comptiez installer dans chaque arrondissement un cœur piéton, c’est d’ailleurs ce que nous avions proposé dans le cadre de la MIE. Et augmenter le nombre d’assises dans l’espace public. Alors j’avais présenté lors de la précédente mandature, un plan « bancs » pour augmenter le nombre de lieux pour faire des haltes, et il serait temps de voir qu’une ville marchable, c’est une ville où chacun peut cheminer à son rythme. 

Les piétons restent les principales victimes des autres usagers de la route. Et ils sont bien plus graves lorsqu’il s’agit d’accidents piétons mettant en scène des voitures. Mais il est donc urgent de concevoir les aménagements pour les plus fragiles de l’espace public. 

Et cela passe par la suppression des pistes cyclables sur les trottoirs, nous le réclamions vous l’avez annoncé. Désormais il nous faut un calendrier. 

Et cela passe par une réelle politique de sanction. Passer la ville à 30 km si on ne donne aucun moyen pour faire respecter cette limitation, c’est se donner bonne conscience, sans résultat. 

Et cela passe également par la lutte résolue contre les incivilités : les refus de priorité pour les piétons, quel qu’en soit l’auteur, doivent être sévèrement réprimés. 

Le laisser-aller généralisé n’a que trop duré. 

Sur la question spécifique de l’accessibilité, nous demandons un véritable plan d’abaissement des trottoirs. Cela doit être une priorité pour faire de la ville, une ville accessible sur terre à défaut de l’être sous terre, mais on ne peut s’en prendre qu’à votre manque de volonté politique, en la matière. Rénover et rendre accessibles les trottoirs nécessitent un budget plus important que les 300 millions. 

Améliorer le confort et la sécurité des piétons, c’est une priorité. Nous serons à vos côtés mais charge à vous de sortir de l’incantation et de l’action en mettant enfin les moyens nécessaires. Je vous remercie.